Saturation

05/05/2020

A mes futurs homologues

Vous avez peut-être eu le temps de sentir que vous étiez en train de vous noyer, de vous étouffer. Chercher sa respiration de manière profonde et avoir l'impression que l’oxygène se fait rare et difficile à extraire à chacune de vos inspirations qui se font de plus en plus difficilement l'avez vous remarquez. Sur une courte ou sur une grande période de temps avant que l'on vous propose de vous endormir, pour moins souffrir. Peut-être ne vous l'a-t-on pas demandé si vous n'aviez plus la force de répondre même par un geste de la tête ou en clignant des yeux. Car passer une journée entière à lutter pour déclencher cette formidable machine à respirer, et une nuit pendant laquelle vous n'avez pu dormir sans vous poser vous-même cette fois la question de savoir si vous alliez pouvoir vous réveiller. Vous êtes vous demandé si vous aviez eu le temps de dire au revoir à vos proches au cas où vous deviez y rester. Ou peut-être cela s'est déroulé si rapidement que vous n'avez pas eu à vous en soucier.

Alors dans ce cas vous vous êtes finalement réveillé. Vous n'avez donc pas connu cette matinée où les dernières forces vous ont lâchées. Ce moment où la première infirmière de la journée est passée contrôler vos constantes et où elle a remarqué que vous n'étiez déjà plus la même personne que la veille. Dans votre regard elle aurait pu le déterminer, sans même une grande expérience, si elle apprend son métier. Simplement par vocation. Car elle n'en est pas arrivée à vouloir effectuer ces tâches sans y avoir été poussée. Une envie irrépressible à laquelle elle n'a pu renoncer qui lui a clairement indiqué que c'est pour cela qu'elle est destinée. C'est que vous n'avez pas eu encore à attendre l'arrivé du médecin qu'elle aurait du appelé car cette décision ne lui appartient pas, elle est réservée à un personnel plus qualifié. Vous n'avez pas eu non plus à devoir du regard confirmer à ce dernier que vous n'aviez plus la force, de par votre ultime inspiration plutôt que votre dernier souffle, de déclencher la valve qui commande cette machine censée vous aider à respirer. Vous n'avez pas entendu le médecin dire à l'infirmière, après vous avoir consulté, de préparer le matériel qui va servir à vous endormir et vous intuber. Vous n'avez donc peut-être pas connu ces longs moments où l'on voit toute ces actions se préparer, et se dérouler jusqu'à l'instant où l'on vous injecte enfin ce qui permet de vous libérer de cette longue lente souffrance. C'est que vous ne vous êtes pas égaré.

Tant mieux alors, cela veut dire que le pire est passé. Vous ouvrez les yeux. Vous reprenez tout aussi lentement vos esprits tel que vous les aviez laissé. La question qui vous vient, c'est : "combien de temps je suis parti?"


DAVID SPACE
Optimisé par Webnode
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer